dimanche 26 octobre 2008

Visite de Казань

Vendredi soir, après les cours, quelques amis sont passés à l'appartement, mais la soirée n'a pas duré longtemps pour Ségolène et moi...
Nous avions rendez-vous à 22h30 devant le "globous" du quartier avec Anastasia et Svetlana (sa mère) pour retrouver le car sur la place théâtrale. C'est Svetlana, professeur responsable d'une classe de l'école 47 et qui a donc la charge d'organiser un nombre considérable de sorties, qui nous avait proposé de rejoindre l'excursion prévue...
Quand le car a démarré, nous entamions une route d'une durée de 7 heures pour rejoindre la grosse ville la plus proche de Vyatka: Казань (Kazan). Казань, bien qu'étant la plus proche, se situe tout de même à 400 kilomètres de Vyatka. Concernant la longue durée du trajet, elle s'explique par les arrêts dans des "cafés", et surtout par la mauvaise qualité de la route qui impose une vitesse de croisière modérée.
Après avoir passé la nuit à somnoler, et à manger une brioche très... dense achetée dans le "café", nous avons découvert éclairée de mille feux la ville de Казань... Il faut imaginer cette ville comme une ville au confort plus développé qu'à Vyatka. Tout d'abord, la population y est double: 1 116 000 habitants, et puis, bien que située en Russie, il s'agit de la capitale de la république du Tatarstan (cf. le drapeau ci-dessus)! Cette petite info implique quelques distinctions avec le reste de la Russie, tel que l'utilisation d'une langue différente, des règles de fonctionnement différentes, des tarifs inférieurs, tel que sur le carburant et un religion dominante différente du reste de la Russie: la religion musulmane.
L'ensemble de la journée (car le retour était programmé pour le soir même à 22H00) était organisé par une agence de voyage, la compagnie dans le car était donc variée, et, dans tous les cas, soucieuse de notre satisfaction concernant les visites!
Nous sommes arrivés à 6h00 sur la place de la gare, après avoir passé le poste de police à l'entrée de la ville. Un petit déjeuner acheté à la va-vite la veille à "Globous" nous attendait dans nos sacs à dos. Nous l'avons dégusté, couverts jusqu'au cou, sur un banc. En attendant le départ du car, nous avons voulu commencer à découvrir la ville à pied avec Ségolène et Anastasia. C'est là que nous avons eu la surprise matinale de croiser quelques porcs morts traînés sur des chariots par deux femmes âgées. Nous avons eu aussi un petit aperçu du développement de la ville en terme de transports. Celle-ci est attribuée de réseaux de bus, tramway et métro.
Après ce premier aperçu, nous avons repris le car pour aller déambuler à pied sur la place de la paix sur laquelle sont exposées de grandes quantités de véhicules militaires ayant servis pendant la seconde guerre mondiale. Nous avons continué la visite avec une église orthodoxe dans laquelle se trouvait une icône datant du XVIème siècle. Dans cette église, la chaleur nous attendait, et s'il était bon de retirer nos manteaux, les femmes, au contraire devaient se couvrir la tête... En plus de chaleur réconfortante, nous étions baignés dans un flot d'encens pour admirer les peintures, icônes et dorures présentes dans la salle principale. Enfin, pour le plaisir des oreilles, un coeur situé au-dessus de cette salle accompagnait les paroles du prêtre. Il faut en effet revenir sur la conception de la pièce: il n'y a rien à voir avec les églises catholiques que nous connaissons en France. En réalité, les deux édifices sont aux antipodes: le lieu de réunion des églises orthodoxes ne sont souvent qu'une grande pièce, beaucoup plus large que profonde, d'un côté l'entrée, qui fait presque aussitôt face à l'autre côté qui est une façade recouverte de peintures et dorures... On trouve dans les églises beaucoup de peintures seules devant lesquelles les fidèles viennent se recueillir... En plus de l'éclairage électrique de la pièce, les nombreuses bougies apportent une impression encore un peu plus chaleureuse. Enfin, avec la seconde église visitée l'après-midi, ainsi qu'avec la première église visitée quelques jours plus tôt lors d'un footing dans Kirov, je pense pouvoir généraliser en disant que toutes les églises orthodoxes ont leur partie shopping dans un des coins de l'édifice! Dans ce "God shop", on peut trouver des livres, des aimants, des icônes (plus ou moins réussies!) et autres bibelots... heureusement, ces coins souvenirs savent se faire extrêmement discrets...

Suite à la visite de cette belle église orthodoxe, nous nous sommes dirigés vers le kremlin de Kazan. Et oui, le kremlin, ce n'est pas qu'à Moscou comme je l'imaginais jusqu'à ce week-end. En fait, le kremlin correspond à la zone fortifiée des anciennes dans laquelle on trouve les lieux principaux de culte et surtout (comme aujourd'hui), le lieu de travail et de vie des grands dirigeants de la ville.
Alors que nous avions déjà aperçu le kremlin sous l'éclairage de la nuit lors de notre arrivée dans la ville. Nous avons était stupéfaits quand nous sommes arrivés sur place avec cette fois-ci la lumière du soleil qui se reflettait sur les murs blancs du monument. Les couleurs étaient magnifiques à l'extérieur comme à l'intérieur des murailles. Une fois dans l'enceinte du kremlin, nous avons approché la nouvelle mosquée de Kazan, construite il y a 5 ans pour le millénaire de la ville. Une fois de plus, le soleil, la blancheur des murs, l'architecture, le bleu turquoise de la toiture instauraient l'admiration. Après avoir été éblouis par la beauté extérieure de l'édifice, nous sommes allés à l'intérieur pour découvrir le luxe religieux... la pierre taillée, l'éclairage, la structure, une nouvelle fois les dorures, les arabesques, la taille des salles faisaient de cette mosquée l'endroit le plus travaillé et le plus luxueux jamais vu de ma vie.

Après ces deux visites pieuses, nous avons silloné les rues du centre-ville avant d'aller manger le repas du midi vers 11h00 (les russes n'ont pas d'heure pour manger!). Après ce brunch, nous sommes rentrés dans la seconde église orthodoxe mentionnée ci-dessus. Un style similaire, beaucoup plus sombre que la précédente, mais une même ferveur des visiteurs...

Sur le chemin du retour au bus, les filles sont rentrées dans un MacDo pour utiliser leurs WC. De mon côté, je suis resté dehors pour traîner devant les étals des marchands de souvenirs et m'arrêter devant les poupées russes version "voilées". Alors que je me dirigeais vers le stand, une trentaine d'hommes (jeunes et moins jeunes), encagoulés pour certains, marchaient d'un air belliqueux vers la terrasse du MacDo. Une autre bande, d'une dizaine de personnes, installée à la terrasse, a aussitôt réagi en apercevant le groupe: ils ont saisi les bouteilles en verre à leur disposition, les ont cassées sur le bord du trotoir pour s'en servir comme des armes, les autres bouteilles commençaient à voler en destination de la plus grosse des deux bandes. Dans le même temps, le groupe de la terrasse a jeté tables et chaises à terre, comme pour constituer une protection. Aussitôt, les plus excités des agresseurs commençaient à se jeter sur les hommes de la terrasse. En l'espace de quelques secondes, l'espace de la rue s'était transformé en scène chaotique. Tout ce qui passait à portée de main des deux bandes servait pour se battre. Bouteilles, poings et chaises volaient. Certains des agresseurs avaient même emmené avec eux des gourdins. Les passants, surpris par le conflit se précipitaient dans les magasins tandis que d'autres qui n'avaient pas vu le coup se préparer continuaient leur chemin avant d'être interpellés par des morceaux de verre glissant jusqu'à leurs pieds. Presque aussi rapidement que la scène avait commencé, les "acteurs" se sont ensuite éparpillés, et les employés du fast-food n'avaient plus qu'à remettre de l'ordre. C'est alors que Ségo, Anastasia et Sveta sont sorties du MacDo en se demandant quelle tempête avait causé ces ravages à l'extérieur... L'heure était venue de rejoindre le car.

L'après midi, le car nous a emmené dans une reconstitution d'un village tatare. Ici, la beauté des maisons en bois et le travail présenté étaient remarquables, mais l'entourage du "village" faisait défaut: des grands immeubles, commerces et grues sur les chantiers rapellaient la situation géographique du "village". Après cette ballade, le car nous a emmené dans un énorme centre commercial où se situe un des magasins IKEA. J'étais assez surpris de cette programmation, l'envie de passer deux heures dans les lieux historiques de la ville me démangeait bien plus que l'idée d'aller traîner les pieds dans cet énorme centre surchauffé au milieu duquel une patinoire était en fonctionnement. Mais comme me l'a rappelé Anastasia, je lui avais dit vouloir découvrir toutes les facettes de la Russie et des russes. Cette visite plaisait à l'intégralité du bus. Russe.

Le temps de se rendre dans ce centre commercial en bus, j'ai appris que les russes mangeaient leurs bananes à l'envers... Enfin d'après eux c'est nous qui la mangeons à l'envers...

Après ce court labeur (je n'imaginais pas passer autant de temps dans les magasins pendant ces trois mois), nous sommes allés nous défouler dans un aqua-parc. J'avais une légère appréhension à y aller, mais une fois les vestiaires high-tech passés, cette retenue s'est tout de suite envolée et les quatre heures passées à l'intérieur ont été agréables et drôles. L'aqua-parc est reconnu à travers une bonne partie de la Russie et beaucoup de russes font des kilomètres pour venir s'y divertir. Celui-ci est composé de dizaines d'activités différentes allant des toboggans les plus sensationnels aux jaccuzis reliés à un bar aquatique, tout en passant par des simulateurs de vagues pour faire du surf.

Cette activité nous a bien achevés, et nous a permis de dormir un peu plus dans le car lors du retour à Vyatka...
Après une dernière vue nocturne du kremlin et de sa mosquée, nous avons pris la route du retour.

Enfin, nous sommes arrivés tôt dimanche matin. A l'arrivée, le père d'un des élèves de Svetlana nous attendait avec sa camionette typiquement soviétique pour nous accompagner jusque chez nous.





Le dimanche après-midi, nous étions invités chez une enseignante de l'école 47. Nous avons passé l'après-midi à discuter école, manger des spécialités, et essayer des fourrures (surtout les filles!). De retour à l'appartement, il nous a fallu prendre notre courage à deux mains pour finir de préparer la classe du lendemain matin (RDV à 8h30 à l'école 30!).

dimanche 19 octobre 2008

On appât eu peur!

"D'habitude" le week-end commence le vendredi soir... Pour moi, il n'a commencé que samedi matin vers 4 heures.
Tandis que les filles ont retrouvé des étudiants vendredi soir pour un billard, il fallait de mon côté, que je me couche tôt: j'avais rendez-vous à 5h00 avec Sacha pour partir à la pêche.

Après un réveil discret, je suis arrivé sur le parking... un peu essoufflé mais à l'heure! Sacha était dans la "Gigouli"*, le moteur en marche pour le faire chauffer. C'est seulement une fois sur la route que j'ai compris l'intérêt de ce préchauffage!
*une Gigouli (Жигули) est une marque de voiture datant de l'époque soviétique, rachetée plus tard par la renommée marque Lada!
Nous avons donc commencé à suivre la direction de la datcha sur une route ordinaire, c'est-à-dire avec un revêtement goudron, une grande largeur et un peu de boue sur les côtés. Après quelques kilomètres, la Gigouli nous a fait faux bond! En plein milieu de route, le moteur s'est mis à ralentir avant de s'arrêter complètement. Sans perdre de temps (nous étions au milieu de la route en pleine nuit), Sacha a décrassé l'alternateur et nous avons pu repartir sans plus attendre.Quelques kilomètres plus tard, nous avons changé de cap pour emprunter une route identique, à la seule différence que le goudron avait cédé sa place à la boue épaisse et aux nids de poules (j'imagine d'ailleurs que les poules sont proportionnelles à la taille du pays étant donné la profondeur et la largeur des trous!). Il faut préciser que Sacha, dont la profession est chauffeur routier, est tout à fait sécurisant au volant. A ce stade, la qualité de la route ne laissait imaginer une voie dans un pire état. La suite me prouva le contraire. En effet, nous avons pris une "bretelle" qui donnait dans une sorte de champ. Cette fois-ci, le mot "adhérence" ne faisait plus partie du lexique local!... Ainsi, après avoir glissé sur quelques kilomètres, ce qui devait arriver arriva: nous nous sommes embourbés. Quelques minutes plus tard, dans la nuit de la campagne profonde, deux grands singes s'accrochaient aux branches de la forêt voisine pour récupérer du bois à glisser sous les roues... Après un bon moment, un manteau dénaturé, quelques litres de sueur et beaucoup de fumée, la Gigouli, tel un phoenix, renaquis de ses cendres!!! Nous avons pu poursuivre notre chemin avant de nous arrêter sur la berge... où nous sommes partis pour 2 kilomètres à pied.

Une fois sur place, Sacha a sorti le matériel de survie du pêcheur: les cannes, les appâts, du pain et du saucisson, deux verres et une bouteille d'alcool (très) fort. C'est ainsi qu'à 7h50, tel un vrai pêcheur russe (ou français après tout!), j'avalais après expiration mon premier verre d'alcool de piment.
Nous avons tenu ainsi jusqu'à 15h00, sous la pluie, entre pêche inefficace, saucisson, chocolat et alcool de piment. Mais si la pêche a été nulle, ce fût un moment très agréable de passé avec Sacha, de
nouveaux paysages de découverts, et la barrière de la langue s'étant effondrée dès notre première rencontre, nous avons beaucoup échangé et donc beaucoup appris!
Après avoir fini les restes du casse-croûte du pêcheur, nous avons repris les glissades pour aller chercher Anastasia à l'arrêt de bus le plus proche de la datcha. Sacha m'a d'ailleurs laissé conduire sa voiture sur la route "de qualité intermédiaire".

Sans trop attendre après notre arrivée à la datcha, nous sommes partis tout les deux au bania. Entre hommes. Ce fût encore un moment fort, reposant et viril quand il s'agit de frotter le dos à la fin de la séance.
Bien détendus après cette journée fatigante, nous sommes passés à table en compagnie d'Anastasia et de babouchka qui nous avait encore préparé un festin.
Après manger, et/ou après boire, c'est au choix, Anastasia et moi avons terminé la soirée devant les flammes de la cheminée.
Le lendemain, 10h00, Anastasia me sortait hors du lit pour l'accompagner dans sa séance de gymnastique quotidienne. Ensuite, après un petit déjeuner copieux et un peu de ménage, j'ai enfilé mes gants de travail pour aller couper du bois pour babouchka... l'effort en vallait la chandelle, lorsque j'ai découvert la table que babouchka nous avait préparée pour le repas du midi: borch, komepote (sorte de jus ou sirop de cerises préparé par babouchka), et autres petits plats colorés et parfumés nous attendaient. L'après-midi est ensuite passé rapidement avec Anastasia: au programme, français et ballade en forêt pour trouver deux branches aux propriétés précises.
A la fin de la journée, la Gigouli nous a reconduit jusqu'à Vyatka, comme si rien de ce week-end n'avait existé. Après une bonne douche, une tournée de linge, et une conversation internet avec ma chérie, il fallait dormir vite car une grosse semaine nous attendait dès le lendemain.

mercredi 15 octobre 2008

Semaine post-дача...

Cette semaine peut sembler bien tranquille après le week-end fabuleux à la campagne, mais nous avons tout de même appris beaucoup de nouvelles choses.

Tout d'abord, nous étions invités lundi vers 16h00 à aller au "café" avec la classe de deuxième année de l'université. Sauf qu'en Russie, au "café", on a plus tendance à manger qu'à boire! Nous avons donc passé un moment sympa autour d'une soupe aux champignons, d'un cocktail laitier à la banane et d'un dessert Napoléon (COCORICO!!!)
Mardi, l'école 47 nous avait invités à la représentation prévue en l'honneur des apprenants en langues étrangères. Cette représentation avait lieu dans une sorte d'amphi. Quand nous sommes arrivés, des élèves que nous avions déjà rencontrés ont prévenus leurs camarades que nous étions français. La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre, et une fois assis, nous étions les bêtes curieuses, photographiés de toutes parts!
Leur représentation consistait en de petites récitations dans leur langue travaillée, ainsi que des présentations des pays concernés. La France a été flattée... Après cette première partie de soirée, Ségo et moi nous sommes retrouvés à manger de nouvelles spécialités chez Anastasia (où nous nous sentons vraiment très bien!)
J'oubliais, l'après-midi avant la réunion, nous sommes allés courir avec Anastasia et Ségo dans la forêt située juste derrière chez nous. Là-bas, en plus d'avoir bien ri, nous avons encore découvert de nouvelles choses: des plantes comme chez nous mais en plus grandes, des fourmilières comme chez nous mais en vraiment plus grand et des tuyaux de chauffage pas comme chez nous tellement ils sont géants!!!


Enfin, chaque jour de la semaine, nos journées ont été occupées par les visites dans les classes de l'université et les classes de l'école 47.

dimanche 12 octobre 2008

Un week-end à la дача (datcha).

Avant de partir à la дача, nous étions invités samedi matin à assister au cours de "secourisme" donné dans l'école 47. Cette école se situe dans notre quartier, c'est l'école dans laquelle Anastasia est passée comme élève, et où Svetlana, sa mère, travaille.
Ce cours de "secourisme" a été surprenant et intéressant. En effet, les objectifs de cette discipline sont savoir comment réagir en cas d'incendie, de tremblement de terre, d'attaque terroriste, d'isolement dans un milieu sauvage... Et nous sommes arrivés le jour de la démonstration de la Калашников (kalachnikov). C'est sûr, l'image de cette arme dans une salle de classe est surprenante! Mais il faut préciser le contexte: la classe concernée (classe de cadets) se prépare à une entrée dans les métiers de l'armée, et leur professeur, qui a combattu en Afghanistan, est quelqu'un de très jovial et d'ouvert. Il n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler à plusieurs reprises que "un soldat n'est pas né pour la guerre, il est né pour qu'il n'y ait pas la guerre"...

L'après-midi, nous avons retrouvé Anastasia et Olga (sa petite soeur) pour prendre un bus direction la дача. Là-bas, leurs parents nous attendaient, ainsi que "Babouchka", la mamie...

Le long du trajet en bus, j'ai joué de la guitare et chanté suite à la proposition d'Anastasia. Et, alors que nous avions eu comme conseil avant le départ en Russie, de rester discrets, nous avons vu certains visages se détendre, au point que deux hommes différents sont venus me serrer la main et nous ont même fait partager à leur tour des chants traditionnels russes! Un moment unique, qui annonçait la couleur pour le reste du week-end...

Sacha (ou Alexander, le père d'Anastasia) est venu nous chercher en voiture à l'arrêt de bus le plus proche de la дача. Nous avons alors emprunté une vraie route de campagne. Hormis le fait qu'elle soit très large comme le reste des routes et rues de Russie, elle est en terre, et pleine de flaques et de boue. Sur cette route, au-delà des prouesses de conduite de Sacha, nous avons pu observer des empreintes d'élans ou encore un énorme barrage de castors!
Puis nous voilà arrivés à la дача... Un coin de paradis! L'espace est composé d'une maison, derrière laquelle se trouve un petit kiosque donnant vue sur le jardin. Un peu plus loin, une petite cabine en bois (comme la maison et le kiosque d'ailleurs) surgit seule, il s'agit des toilettes sèches. Ensuite, une autre construction, toujours entièrement de bois: le bania. Il s'agit en fait d'un sauna, dans lequel on vient aussi se laver... Enfin, à l'autre bout du jardin, la maison de Babouchka...
La дача, toute faite de bois, a été montée il y a une quinzaine d'années par Sacha et son frère. Pour sa construction, un seul clou final a été utilisé! L'intérieur est composé de deux niveaux: le rez-de-chaussée est un salon séparé d'un coin cuisine par le foyer. L'étage est une chambre, inutilisable à la saison, à cause du froid.

Pour en revenir à notre journée, après avoir déposé nos affaires et remplis nos yeux d'images sorties d'un livre, nous nous sommes installés, bien couverts, sous le kiosque avec toute la famille. Au centre de la table, au milieu de nombreux biscuits russes, saucisson et fromage, se dressait le majestueux samovar de la famille...
Le samovar permet de chauffer une grande quantité d'eau grâce à sa cheminée centrale qui peut être remplie de braises. Au-dessus, une petite théière pleine est conservée au chaud. Le thé que l'on prend ensuite de cette théière est rallongé par l'eau chaude qui sort du robinet latéral du samovar...
C'était donc un nouvel instant fort que de partager un thé en famille, bien emmitouflés, sous ce kiosque.
Après avoir fait ce "repas" (qui ne devait normalement pas en être un!), Anastasia nous a emmené au bania, qui était préparé depuis quelques temps avant notre arrivée... Elle nous a alors initiés aux règles de la pratique: une séance de bania est constituée de plusieurs entrées et sorties de la "salle chaude". Dans un premier temps, coiffés de jolis chapeaux en feutre, nous avons simplement pris la température puis nous sommes sortis au bout de quelques mintes pour prendre un verre de kvas, avant de rentrer à nouveau pour... se fouetter! Cet été, la famille a préparé de petits fouets en branches de bouleau et d'épicéa, qu'ils ont mis a sécher. Dans le bania, nous les trempons dans l'eau bouillante avant de nous fouetter l'un après l'autre... A la fin de la séance avec les filles, Sacha est venu me rejoindre pour un temps un peu plus viril! Il est venu pour ME faire ressentir le VRAI bania. Sacha a commencé par rajouter de grandes quantités d'eau sur les pierres incandescantes. La production de vapeur était énorme. Il m'a fait m'installer à plat ventre sur le banc en bois et a commencé à me fouetter avec les deux bouquets chargés d'eau brûlante... Après m'avoir fouetté (côté bouleau dans un premier temps puis, côté épicéa), il a appliqué par pressions les bouquets pleins de vapeur sur ma peau (lui, portait des gants!!!). On a répété la procédure sur le dos, j'ai eu droit à une dose d'eau très froide, puis nous sommes sortis boire un verre. Nous avons finalement procédé ainsi trois fois de suite et à chaque pause, Sacha prenait le soin de me faire faire de petits exercices pour contrôler mon état physiologique général... Après cette séance sensationnelle, c'est Sacha qui m'a lavé. Je me suis donc installé nu sur le banc et j'ai pu avoir un nettoyage des plus revigorant qu'il soit!

Sacha et moi sommes ensuite allés retrouver le reste de la famille dans la дача. La table était prête, la température haute et l'ambiance chaleureuse... Pour introduire le repas, ou finaliser le bania, Sacha nous a servi un verre d'alcool du Caucase qu'il a ramené pour "partager avec ses amis", cela s'appelle du "tchântchak" et avoisine les 60°... Pour le boire, il faut expirer, l'avaler cul-sec, expirer à nouveau et croquer un cornichon salé... Une autre expérience à vivre!
A table, nous avons pû déguster les brochets pêchés et fumés par Sacha avec des légumes préparés par Svetlana et Babouchka... un délice, le tout accompagné d'un bon Bordeaux et de vodka.
Toute la famille nous a finalement laissés à la fin du repas avec Anastasia. Après un dernier thé auprès du feu, Anastasia m'a emmené à la plage... Et oui, même au milieu de la Taïga, la plage est là, sur le bord de la rivière. Ce fut un moment d'échange important, musical et frais.

Après une nuit à quatre et un thé du samovar, nous sommes allés nous promener sous la neige dans la forêt voisine, un petit goût de pinèdes en bouche.
A notre retour, Sacha avait à nouveau pêché des brochets, mais le repas du midi était cette fois-ci préparé par Babouchka... Dans sa maison aux plafonds bas (pour atteindre plus facilement une température haute), chaque objet est une pièce de musée et chaque pièce est un objet de musée...
Nous avons donc découvert en arrivant, une Babouchka ravissante dans son tablier brodé, afférée à la préparation du repas, au four à feu de bois. Elle nous cuisait des блины (blinis), sorte de petite crêpe épaisse. Pour les accompagner, Svetlana et Babouchka avaient préparé un ensemble de préparations: crèmes aux baies rouges, oeufs brouillés, lait concentré, etc.
Babouchka continuait sa production de блины pendant que nous mangions à côté d'elle. Après un cours, j'ai pû prendre le relais dans la cuisson des блины. La chaleur face au four est vraiment cuisante (et oui!), les deux récipients de métal servant à la cuisson sont placés au fond du four, et c'est à l'aide d'une perche terminée d'un crochet que l'on peut manipuler ces gamelles. La cuisson se fait sans avoir à retourner le блины, sauf pour les блины à l'oignon: une fois cuit d'un côté, il faut le badigeonner d'oeuf battu à l'aide d'un pinceau fait de plumes de dindon, le retourner, recommencer et le laisser terminer sa cuisson. Heureusement pour moi, je me suis désaltéré d'une boisson extrêmement bonne appelée "compote", il s'agit d'un jus extrait de la cuisson de cerises (cueuillies par la famille)... un régal!

Nous avons finalement chanté pour terminer le repas, avant d'aller à l'étage (salon et chambre de Babouchka) faire une partie de carte. Nous n'avions alors plus que le temps de rassembler nos affaires, boire un dernier thé pour aller prendre le dernier bus direction Vyatka (Kirov) avec en plus dans nos sacs, des pommes du jardin et un brochet...

samedi 11 octobre 2008

Du bouleau à l'université...


Depuis le début de la semaine, nous intervenons régulièrement à l'université dans les cours de français (pratique de la langue, origines de la langue, presse, etc.). Ce qui nous a d'ailleurs permis de rencontrer de nouvelles connaissances...
Les bâtiments de cette antenne de l'université correspondent globalement à un gros lycée, mais l'ensemble du complexe est situé à une des extrémités de la ville, entre la dernière entreprise et les champs ,et ce petit bois de bouleaux.
Juste derrière les bâtiments, il y a également une petite surface goudronnée pour les premières leçons des apprentis conducteurs. Enfin, juste derrière, des rangées de petits bâtiments se succèdent. Dans chaque rangée, plusieurs dizaines de "garages". Chacun avec une porte de couleur différente, et un tuyau-cheminée qui sort par le toit. Ces derniers servent pour la plupart d'aération pour les légumes souvent conservés dans ces abris.




Hier soir, la fin de la semaine arrivant, nous sommes allés fêter le week-end avec ce même charmant groupe du barbecue de la semaine dernière, chez Héléna cette fois-ci.



jeudi 9 octobre 2008

Une soirée inoubliable

Ce jeudi soir, les parents d'Anastasia nous ont invité à manger chez eux...
Nous sommes arrivés vers 19h00. Svetlana, la mère d'Anastasia était en train de finir de préparer les Венгерки ("viènguèrki"), une pâtisserie au fromage frais...
Anastasia nous a fait visiter l'appartement familial. Il s'agit d'une habitation qui a été donnée à la fin du régime soviétique (il y a environ 17 ans) aux jeunes familles. Ainsi, les parents d'Anastasia qui n'avaient encore qu'une fille à l'époque, ont eu droit à un appartement pour un couple et un enfant.
Pour en revenir à la visite, l'appartement est composé d'un hall (où nous enlevons, comme chez nous, nos chaussures), d'une salle de bain avec toilettes, d'une cuisine où nous avons manger ensemble, d'un salon-chambre des parents, d'une chambre pour les deux soeurs, et d'un balcon donnant une vue profonde sur l'arrière de Kirov et sa forêt voisine (vue du 9ème étage "russe").
Après cette visite, nous avons partagé ce repas délicatement préparé par Svetlana. La discussion a été inintérompue autour de la table, Anastasia en temps qu'interpréte professionnelle a su nous faire oublier la barrière de la langue. Ainsi, l'ambiance fu chaleureuse avec Alexander qui nous a raconté ses expériences à la datcha familiale (maison de campagne où nous sommes d'ailleurs invités), Olga la petite soeur et Svetlana...
Le repas a été introduit par un verre de настойка ("nastoïka") une boisson liqueureuse à base de baies rouges. Et comme on le dit si bien ici, "il n'y a jamais beaucoup de temps qui sépare les deux premiers verres", alors après avoir trinqué à notre santé, nous avons trinqué à la rencontre de nos cultures... Le repas a ensuite été composé de пирожкй ("pirachkï") et de ватрушкй ("vatrouchki"). Ces deux spécialités ainsi que le dessert cité précédemment sont tous préparés à base d'une même pâte. Le premier des deux est un genre de "chausson" fouré soit au chou soit aux champignons (ramassés à la datcha). Le second ressemble plus à une petite galette recouverte d'une épaisseur de purée... L'un et l'autre sont excellents! Une troisième préparation tout aussi bonne, à base de cette même pâte, était fourrée d'un mélange de poisson et d'oignons. Toutes ces préparations ont été consommées accompagnées de настойка et de thé.
Autour de la nourriture, les échanges ont été variés, riches en informations comme en rires!
Cette soirée a finalement été vraiment marquante, chaleureuse et amicale...
Au moment de quitter le foyer, Alexander et Svetlana nous ont offert une grande quantité de légumes du potager de la datcha...

Et nous voilà rentrés tous les trois à l'appartement, le coeur plein de joie, notre programme encore un peu plus rempli (séjour à la datcha, cours de cuisine de Svetlana...) et le réfrigérateur plein de légumes (!), en nous rappelant qu'il y a tout juste une semaine, nous nous rassemblions pour commencer ce séjour qui s'annonce de plus en plus formidable de jour en jour.

mercredi 8 octobre 2008

A la maison

Au premier plan, nous passons à côté matin et soir, c'est une Lada, comme il y en a beaucoup à Kirov (contrairement à Moscou). Nous passons par ici pour rejoindre le premier axe principal à côté de chez nous, qui redonne lui-même dans МОСКОВСКАЯ (un des grands boulevards de la ville). Au second plan, on voit les palissades derrières lesquelles se trouvent des grues. C'est tout à fait représentatif du pays qui est en pleine (re?)construction: les chantiers foisonnent, et de nouvelles tours à logements pullulent...

Pour distinguer où se situe notre appartement, il faut suivre le chemin qui longe la voiture, une fois arrivé au bout, on distingue une rampe en métal. Juste au-dessus de cette rampe, on voit un rectangle noir tout en bas du bâtiment derrière. C'est la porte d'entrée de notre bâtiment. Ensuite nous nous situons au troisième étage (il faut savoir qu'en Russie, le Rez-de-chaussée est considéré comme le 1er étage...) à gauche de la colonne d'escalier qui surplombe la porte d'entrée... (il est possible de cliquer sur la photo pour l'agrandir)

Enfin, voilà l'entrée(s) de notre appartement:
Après avoir passé l'entrée principale à digicode, nous arrivons face à cette imposante porte en métal, après l'avoir dévérouillée, nous arrivons dans un petit hall, qui donne accès sur l'entrée des voisins (n°73) et sur notre entrée (n°72), il faut alors ouvrir la porte en bois fermée à clé qui donne 10 cm plus tard sur une dernière porte capitonnée des deux côtés, elle-même fermée à clé!

lundi 6 octobre 2008

... Et Goldman dans le bus!

Nous sommes arrivés à 8h08 à Kirov le samedi 4.
Notre petit commité d'accueil était là, composé d'Anastasia, Vera, Sacha (F) et Sacha (H). Nous sommes partis en bus (c'est ici que l'on a entendu Goldman!) avec Anastasia jusqu'à l'appartement qui nous était réservé; pendant ce temps, Sacha, Sacha et Vera sont allés porter nos valises dans l'appart.

Il faut préciser que cet appartement est celui de Sacha (F) qui nous l'a très gentillement mis à disposition, car il est difficile de trouver un appartement à louer, avec 3 chambres séparées...
Nous sommes restés un peu de temps au calme dans l'appartement après avoir partager une tarte crémeuse. Ensuite, Anastasia est venue nous chercher à l'appartement pour retrouver ses amis de troisième année. Nous sommes allés sur un des ponts de Kirov, passant au-dessus de Vyatka avant de nous retrouver chez les frères Génia et Sacha.

Génia et Sacha vivent dans une jolie maison individuelle située en périphérie de la ville.Là-bas, nous attendaient Barbecue (un vrai repas!!!), soleil, bonne ambiance, jeux, kvas*, et nouveaux amis...
*Le kvas est une boisson artisanale qui s'obtient par fermentation sur 2 jours de pain, levure, raisins secs, malt, sucre et eau.





Après cet après-midi dinatoire, les frères et Anastasia nous ont reconduit à l'appart. Mais sur le chemin, nous avons fait une agréable ballade nocturne, où nous avons vu une chapelle (construite sur le lieu d'un conflit inter-villageois... ceux-ci avaient trop sifflé de bouteilles et trop sifflé tout court pendant la journée... bon), un pont des suicidés au-dessus d'un grand fossé (sur ce pont, de nombreux cadenas ont été accrochés , portant chacun les noms des mariés concernés... il paraîtrait même que le poids des cadenas risque de faire céder le pont!), une flamme perpétuelle commémorative et l'extérieur de la prison.

Une fois rentrés à "la maison", il était difficile de ne pas profiter de la grosse soixantaine de chaînes russes à notre disposition...


Le lendemain, Anastasia nous a emmenés au musée de l'artisanat après être passés par son ancien gymnase (équivalent du lycée en France).
Le gymnase est un lieu prestigieux.C'est un bâtiment ancien, en briques rouges, entourés de bouleaux aux feuillages jaunissants... Nous avons pu voir l'ensemble du bâtiment: ses grands couloirs, sa salle de répétition, des professeurs et des élèves (nous étions dimanche!), un aperçu photographique de l'élection de la princesse du gymnase (fin novembre...), une salle de mathématiques (avec un piano... évidemment!) ainsi que les vestiaires. Les vestiaires sont importants: dans la plupart des établissements scolaires, il y a des vestiaires tenus à l'entrée du bâtiment. Les étudiants peuvent venir y déposer leur gros manteaux indispensables à l'extérieur, mais encombrants à l'intérieur où il fait si chaud!
A ce sujet, il faut préciser que le chauffage de Kirov est un chauffage central! Ce sont trois usines qui produisent l'eau chaude qui est envoyée dans toutes les canalisations de la ville... le problème étant que la ville a commencé sa production d'eau chaude pour la saison qui commence, mais les températures sont relativement hautes (16°C en moyenne depuis notre arrivée), il nous faut donc souvent ouvrir les fenêtres!!!
Pour revenir à nos visites de dimanche, après avoir retrouvé Julia, nous sommes allés visiter le musée de l'artisanat. Celui-ci a été installé dans une ancienne Isba (изба) et comporte des trésors des mains locales!!! Nous avons pu voir certains outils utilisés ces deux derniers siècles, des dentelles, des matriochkas*, des montres en bois (!), des sifflets en terre cuite (utilisés pendant la journée du sifflet... cf. la chapelle de samedi soir), des costumes, des jouets en paille etc. Tout ce qu'il faut pour une bonne introduction à la culture locale. C'est intéressant, et en plus, c'est beau!