dimanche 12 octobre 2008

Un week-end à la дача (datcha).

Avant de partir à la дача, nous étions invités samedi matin à assister au cours de "secourisme" donné dans l'école 47. Cette école se situe dans notre quartier, c'est l'école dans laquelle Anastasia est passée comme élève, et où Svetlana, sa mère, travaille.
Ce cours de "secourisme" a été surprenant et intéressant. En effet, les objectifs de cette discipline sont savoir comment réagir en cas d'incendie, de tremblement de terre, d'attaque terroriste, d'isolement dans un milieu sauvage... Et nous sommes arrivés le jour de la démonstration de la Калашников (kalachnikov). C'est sûr, l'image de cette arme dans une salle de classe est surprenante! Mais il faut préciser le contexte: la classe concernée (classe de cadets) se prépare à une entrée dans les métiers de l'armée, et leur professeur, qui a combattu en Afghanistan, est quelqu'un de très jovial et d'ouvert. Il n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler à plusieurs reprises que "un soldat n'est pas né pour la guerre, il est né pour qu'il n'y ait pas la guerre"...

L'après-midi, nous avons retrouvé Anastasia et Olga (sa petite soeur) pour prendre un bus direction la дача. Là-bas, leurs parents nous attendaient, ainsi que "Babouchka", la mamie...

Le long du trajet en bus, j'ai joué de la guitare et chanté suite à la proposition d'Anastasia. Et, alors que nous avions eu comme conseil avant le départ en Russie, de rester discrets, nous avons vu certains visages se détendre, au point que deux hommes différents sont venus me serrer la main et nous ont même fait partager à leur tour des chants traditionnels russes! Un moment unique, qui annonçait la couleur pour le reste du week-end...

Sacha (ou Alexander, le père d'Anastasia) est venu nous chercher en voiture à l'arrêt de bus le plus proche de la дача. Nous avons alors emprunté une vraie route de campagne. Hormis le fait qu'elle soit très large comme le reste des routes et rues de Russie, elle est en terre, et pleine de flaques et de boue. Sur cette route, au-delà des prouesses de conduite de Sacha, nous avons pu observer des empreintes d'élans ou encore un énorme barrage de castors!
Puis nous voilà arrivés à la дача... Un coin de paradis! L'espace est composé d'une maison, derrière laquelle se trouve un petit kiosque donnant vue sur le jardin. Un peu plus loin, une petite cabine en bois (comme la maison et le kiosque d'ailleurs) surgit seule, il s'agit des toilettes sèches. Ensuite, une autre construction, toujours entièrement de bois: le bania. Il s'agit en fait d'un sauna, dans lequel on vient aussi se laver... Enfin, à l'autre bout du jardin, la maison de Babouchka...
La дача, toute faite de bois, a été montée il y a une quinzaine d'années par Sacha et son frère. Pour sa construction, un seul clou final a été utilisé! L'intérieur est composé de deux niveaux: le rez-de-chaussée est un salon séparé d'un coin cuisine par le foyer. L'étage est une chambre, inutilisable à la saison, à cause du froid.

Pour en revenir à notre journée, après avoir déposé nos affaires et remplis nos yeux d'images sorties d'un livre, nous nous sommes installés, bien couverts, sous le kiosque avec toute la famille. Au centre de la table, au milieu de nombreux biscuits russes, saucisson et fromage, se dressait le majestueux samovar de la famille...
Le samovar permet de chauffer une grande quantité d'eau grâce à sa cheminée centrale qui peut être remplie de braises. Au-dessus, une petite théière pleine est conservée au chaud. Le thé que l'on prend ensuite de cette théière est rallongé par l'eau chaude qui sort du robinet latéral du samovar...
C'était donc un nouvel instant fort que de partager un thé en famille, bien emmitouflés, sous ce kiosque.
Après avoir fait ce "repas" (qui ne devait normalement pas en être un!), Anastasia nous a emmené au bania, qui était préparé depuis quelques temps avant notre arrivée... Elle nous a alors initiés aux règles de la pratique: une séance de bania est constituée de plusieurs entrées et sorties de la "salle chaude". Dans un premier temps, coiffés de jolis chapeaux en feutre, nous avons simplement pris la température puis nous sommes sortis au bout de quelques mintes pour prendre un verre de kvas, avant de rentrer à nouveau pour... se fouetter! Cet été, la famille a préparé de petits fouets en branches de bouleau et d'épicéa, qu'ils ont mis a sécher. Dans le bania, nous les trempons dans l'eau bouillante avant de nous fouetter l'un après l'autre... A la fin de la séance avec les filles, Sacha est venu me rejoindre pour un temps un peu plus viril! Il est venu pour ME faire ressentir le VRAI bania. Sacha a commencé par rajouter de grandes quantités d'eau sur les pierres incandescantes. La production de vapeur était énorme. Il m'a fait m'installer à plat ventre sur le banc en bois et a commencé à me fouetter avec les deux bouquets chargés d'eau brûlante... Après m'avoir fouetté (côté bouleau dans un premier temps puis, côté épicéa), il a appliqué par pressions les bouquets pleins de vapeur sur ma peau (lui, portait des gants!!!). On a répété la procédure sur le dos, j'ai eu droit à une dose d'eau très froide, puis nous sommes sortis boire un verre. Nous avons finalement procédé ainsi trois fois de suite et à chaque pause, Sacha prenait le soin de me faire faire de petits exercices pour contrôler mon état physiologique général... Après cette séance sensationnelle, c'est Sacha qui m'a lavé. Je me suis donc installé nu sur le banc et j'ai pu avoir un nettoyage des plus revigorant qu'il soit!

Sacha et moi sommes ensuite allés retrouver le reste de la famille dans la дача. La table était prête, la température haute et l'ambiance chaleureuse... Pour introduire le repas, ou finaliser le bania, Sacha nous a servi un verre d'alcool du Caucase qu'il a ramené pour "partager avec ses amis", cela s'appelle du "tchântchak" et avoisine les 60°... Pour le boire, il faut expirer, l'avaler cul-sec, expirer à nouveau et croquer un cornichon salé... Une autre expérience à vivre!
A table, nous avons pû déguster les brochets pêchés et fumés par Sacha avec des légumes préparés par Svetlana et Babouchka... un délice, le tout accompagné d'un bon Bordeaux et de vodka.
Toute la famille nous a finalement laissés à la fin du repas avec Anastasia. Après un dernier thé auprès du feu, Anastasia m'a emmené à la plage... Et oui, même au milieu de la Taïga, la plage est là, sur le bord de la rivière. Ce fut un moment d'échange important, musical et frais.

Après une nuit à quatre et un thé du samovar, nous sommes allés nous promener sous la neige dans la forêt voisine, un petit goût de pinèdes en bouche.
A notre retour, Sacha avait à nouveau pêché des brochets, mais le repas du midi était cette fois-ci préparé par Babouchka... Dans sa maison aux plafonds bas (pour atteindre plus facilement une température haute), chaque objet est une pièce de musée et chaque pièce est un objet de musée...
Nous avons donc découvert en arrivant, une Babouchka ravissante dans son tablier brodé, afférée à la préparation du repas, au four à feu de bois. Elle nous cuisait des блины (blinis), sorte de petite crêpe épaisse. Pour les accompagner, Svetlana et Babouchka avaient préparé un ensemble de préparations: crèmes aux baies rouges, oeufs brouillés, lait concentré, etc.
Babouchka continuait sa production de блины pendant que nous mangions à côté d'elle. Après un cours, j'ai pû prendre le relais dans la cuisson des блины. La chaleur face au four est vraiment cuisante (et oui!), les deux récipients de métal servant à la cuisson sont placés au fond du four, et c'est à l'aide d'une perche terminée d'un crochet que l'on peut manipuler ces gamelles. La cuisson se fait sans avoir à retourner le блины, sauf pour les блины à l'oignon: une fois cuit d'un côté, il faut le badigeonner d'oeuf battu à l'aide d'un pinceau fait de plumes de dindon, le retourner, recommencer et le laisser terminer sa cuisson. Heureusement pour moi, je me suis désaltéré d'une boisson extrêmement bonne appelée "compote", il s'agit d'un jus extrait de la cuisson de cerises (cueuillies par la famille)... un régal!

Nous avons finalement chanté pour terminer le repas, avant d'aller à l'étage (salon et chambre de Babouchka) faire une partie de carte. Nous n'avions alors plus que le temps de rassembler nos affaires, boire un dernier thé pour aller prendre le dernier bus direction Vyatka (Kirov) avec en plus dans nos sacs, des pommes du jardin et un brochet...

7 commentaires:

Nadège BPH a dit…

Bonjour,
En lisant tes commentaires j'ai l'impression de lire un livre, moi qui adore lire cela tombe très bien... Ce week end a du être formidable je suis contente pour toi ! Et je pense qu'il y en aura de nombreux autres alors profite de ces moments comme tu sais le faire et encore merci de partager ce rêve avec nous!!
BiZoux Nadège...

Anonyme a dit…

ça donne faim tout ça....
et je suis tout à fait d'accord avec Nadège (que je ne connais pas) on a l'impression de lire un livre! c'est fabuleux! à dévorer sans modération...

Anonyme a dit…

ça donne faim tout ça....
et je suis tout à fait d'accord avec Nadège (que je ne connais pas) on a l'impression de lire un livre! c'est fabuleux! à dévorer sans modération...
florence

Unknown a dit…

Qui aurait pensé que la popotte russe donne faim!? Sont-ce les talents de conteur de Thony qui font le travail!? ...
Я голоден!!!

Anonyme a dit…

Belle aventure humaine, simple et riche à la fois! Etre soi-même comme un autre!
Jacques R.

nawael a dit…

Coucou Thony c'est Nawael j'espère que tu vas bien et que ton voyage en Russie se passe bien. En tout cas Nadège ne parle que de ça. Cela à l'air très intéressant. Bisous et à la prochaine pour un petit couscous à la maison ;)

Anonyme a dit…

J'ai beaucoup de retard dans la lecture des blogs !!!! Enfin, j'essaie de le rattraper ! Mais je vois que tout se passe bien pour tous les 3 et que visiblement, vous n'avez pas le temps de vous ennuyer et que vous allez de découvertes en découvertes ! Génial !
Je reviendrai plus tard lire la suite...
Agnès